samedi 12 juin 2010

Uruguay-France


Lieu : La Parilla, 21 bis rue Voltaire Paris 11
Commentaires : TF1 inaudible


Il n’y a pas de restaurant ou de bar strictement uruguayen en France. C’est internet qui le dit. Et c’est une bêtise.
Il y a la Parilla. Ouverte uniquement une fois par semaine. Le vendredi. Et nous sommes vendredi.
Plutôt que de restaurant, il s’agit d’un local dans un immeuble d’après-guerre. Commun à diverses associations du quartier. A une demi-heure du coup d’envoi, la salle est prise d’assaut. On dégrafe affiches et bannières, on en accroche d’autres.
Pour les disparus. Pour l’amour du Che. Pour l’Uruguay. Tout le monde s’attelle. Avec une perruque sur la tête ou un maillot de la céleste.
La chaleur est tenace. Il fait soif et faim. Au bout d’un couloir, on sert des chorizos, empanadas, salade verte, bières chaudes et vin au verre. L’organisation est complexe. Il y a deux très longues queues interminables. Une pour obtenir des tickets type tombola, la seconde pour se faire servir avec délicatesse. Je décide de faire des provisions. J’obtiens 4 choripanes alors que j’en avais demandé 2.

La partie va débuter. Un moustachu prend la parole. Un discours vaguement politique. Quelques consignes de sécurité aussi. Il est recommandé de laisser un couloir sur le coté et de ne pas trop installer de chaises pour permettre l’accès à la sortie de secours. Et puis, surtout de respecter la légendaire politesse uruguayenne. De laisser sa place aux vieux, enfants et femmes enceintes.
Le match commence. Les consignes sont oubliées. Une dame me dit que la communauté uruguayenne compte moins de 1 000 personnes en France. Ils doivent être tous là. Car il y a trop de monde. Même ceux qui détestent les footballeurs. Ces « milliardaires trop payés ». Mais après avoir hésité tout la journée, les plus réfractaires sont venus. Alors, on est debout sur les tables. Accroché à une poussette de bébé. Sur les épaules de son papa. Maria a trouvé une place de reine. Elle est juchée en équilibre sur une chaise au dessus d’un tréteau et domine l’assemblée.

Le match est triste. Les chants le sont moins. De temps en temps, on crie. Surtout lorsque la perche d’un micro brouille le faisceau du rétroprojecteur. Des journalistes sont là. C’est la mi-temps. Ils interviewent. Anciens réfugiés politiques, deuxième génération d’immigrés, ils paraissent très confiants même sans rien y comprendre en ballon rond. Nous en profitons pour prendre l’air, retrouver Alex et acheter à boire à l’épicerie voisine.
Le match a repris. Maria a perdu sa place au profit d’un tee-shirt « Uruguay, champion du monde ». La politesse uruguayenne n’est pas feinte. Elle retrouve vite son trône.
Thierry Henry entre. Des dizaines de mains se lèvent, elles tournent comme chez les Guignols. Personne ne va gagner le match. Il fait de plus en plus chaud. Je ne vois plus que la moitié de l’écran. Alex reprend « yo soy celeste, yo soy celeste » sans en comprendre les paroles.

Coup de sifflet final. C’est le moment de mettre la musique. De pousser tables et chaises Et de danser. Sur une farandole de chansons à la gloire de la fameuse Celeste.