vendredi 25 juin 2010

Portugal-Brésil/Brésil-Portugal


Lieu : Lagoa , 13 rue Montcalm Paris 18.
Commentaires : Portugais audible

Tu verras, avait averti Le Muge, à Lagoa, y a une sacrée ambiance. Cela ne rien à voir avec Le Villageois. Et puis, tu vas doubler la mise. Le patron est portugais, sa femme brésilienne, du Minais Gerais.

L’accueil est à la hauteur des espérances. Bon dia, bon diaaa, bondiaaaah ! Poulet frango ou menu complet à 12 euros boissons comprises ont été avalés. On range les desserts à la crème dans l’énorme frigo vitré de la salle de restaurant.
Coup d’œil rapide, le Muge a dit vrai, l’atmosphère est à la rigolade. Le week-end arrive. La Superbock se boit à la pression. Elle est fraîche. Difficile de savoir qui est pour qui. Les maillots s’entremêlent. S’échangent alors que la partie n’a pas commencé.
Le match compte pour du beurre mais les pronostics vont bon train. Fantaisistes. Démesurés. Attention, le Portugal n’a jamais battu le Brésil en officiel. En amical oui précise un spécialiste. Et là, c’est quoi ?, questionne le patron en distribuant soucoupes en terre cuite emplies jusqu’à la gueule de lupins jaunes.
Deux vuvuzelas rouges sont l’attraction sonore du jour. Faut violemment expirer pour arracher un son. Les joues sont épicées. Un petit drapeau bleu-blanc-rouge sur le front est agité. Comme un gamin avec un nouveau joujou. Nul ne l’arrête. Les copains s’esclaffent. Il souffle. Souffle. Sans la moindre raison. La patronne sort son sifflet de carnaval. Le plus ennuyé est le canari jaune qui tressaute sur sa balançoire.
Un type entre avec une perruque afro. Embrassades, effusions, retrouvailles. Encore un ami. Il y avait si longtemps. La ribambelle de coupes aux formes diverses (ballons, chaussures, bonhommes) est explicite. Lagoa est le siège du CPPC (Cercle Portugais de la Place de Clichy). Sous l’étagère, procès verbaux de l’association, photos d’équipes jaunies et recouvertes par de plus fraîches. Je cherche dans les visages une trace du passé. En vain. A moins qu’ils n’aient beaucoup grossi. Perdu cheveux, moustaches et jeunesse.
Mi-temps. Changement de maillots. Les jaunes deviennent rouges et vice-versa. Quelques commentaires hilarants sur les filles qui passent. Petit drapeau trimballe sa vuvuzela et arrose le voisinage. Il fait trop chaud dehors. Retour à l’intérieur sous le gros ventilateur.
Des hommes bleus ont rejoint la troupe. Ouvriers du chantier du voisin en grosses chaussures qui n’ont pris le temps de se changer. Plus de superbock à la pression. Va pour en bouteille. Amène du citron vert. Un joueur perd son short. La perruque change de tête. Chacun l’essaie. Prend des photos. Je l’évite de peu. Elle atterrit sur le crâne d’un chauve. Il ressemble à Eusebio conclue l’assemblée.
Plus de lupins. Les cendriers débordent. Des verres glissent et éclaboussent une écharpe bicolore aux origines supertitieuses. Action du brésil. Yehooou, yehooou strident de la patronne. Tir du Portugal. Ahooou ahou rauque. Enfin une différence.

Acabo, Acabo répète l’assemblée. Tout le monde a gagné. Personne n’a perdu. Une pointe de déception. De qui va-t-on se moquer ?
La patronne donne un grand coup de sifflet à grelots. Petit drapeau est torse nu. Les citrons sont arrivés. Le canari n’est pas prêt de s'endormir.