mardi 22 juin 2010

Grèce-Argentine


Lieu : Margen’s pub, 65 rue Mouffetard Paris 5.
Commentaires : Grec à peine audible puis son coupé.

Il y avait l’embarras du choix. Olympis, Fils d’Aphrodite ou Socrate, autant de noms à ascendance évidente. J’observais brochettes en exposition, discutais avec portiers chargés d’attirer le chaland, évitais anglais ayant réservé une table pour 24 quand je le vis. Le Margen.

Certes, Margen ne sonne pas vraiment hellène. Mais la rue Mouffetard est le cœur du quartier grec de Paris. Les restaurateurs ne se contentent pas de tourner la broche. Ils font aussi des enfants. Qui se retrouvent pour les grandes occasions. Au Margen.
La confiance règne. Nous allons les emmerder. Ils vont suer déclare un maillot blanc avec un pin’s mal accroché sur sa casquette. La ressemblance est frappante. Tennis aux pieds, barbe mal taillée, muscles apparents, le modèle original est à l’écran. 5-O a-t-on écrit à la craie sur un tableau publicitaire distribué par la bière Mithos. Va.
Le grec n’est pas une langue morte. L’hymne est hurlé. J’apprends qu’il existe un lycée hellénique à Paris. Les cours sont efficaces car les jeunes ont oublié leur français. Les femmes sont assises. Les hommes debout. Geste de galanterie ?
Non. C’est surtout qu’ils n’arrivent pas à tenir en place et recommandent des petites bouteilles d’anis de 50 centilitres. Le match est ennuyeux. Un rien fait réagir et se resservir. Pourquoi ne pas chanter ?
Des odes à la sélection. Et surtout au club de cœur. AEK, Pana, c’est à qui criera le plus fort.
Mi-temps. Une foule compacte s’échappe. Je m’aperçois que le pub compte une arrière-salle emplie jusqu’à la gorge. Des gamins extraient de leurs bananes pétards et feux de Bengale. Ils les jettent sur la chaussée. Les tourbillons colorés font rire l’assistance. Jusqu’au passage d’une bagnole qui écrase tout cela dans un écran de fumée noire.
Il est interdit de sortir avec les verres. Pas de rentrer avec son sandwich à la feta. J’entremets en espagnol des types portant un maillot albiceleste. On me répond en grec une histoire obscure de superstition. Le son se coupe. But de l’Argentine. Long silence mortifère. Bruits de verre stoïques. Des anglaises échouées dialoguent. Elles rigolent même. Quelques regards noirs plus tard, elles continuent leur discussion dehors.

Les lycéens sont saouls. Ils s'échappent en braillant « Hellas, Hellas, olé, olé ». Certains titubent. D’autres se soutiennent par les épaules avant de s'affaler sur un capot. Demain, il y a école. Personne ne songe à effacer le tableau Mithos.