samedi 26 juin 2010

Corée du Sud-Uruguay


Lieu : Jardins du Trocadéro, Paris 16.
Commentaires : audible.

Le centre culturel coréen sera fermé. Nous avons eu trop de demandes. Tout se passera à coté, au Trocadéro. Nous attendons plus de 500 personnes. Au revoir cher monsieur.

Il fait chaud. 31°C annonce un panneau électronique. La foule est dense dans ce haut lieu touristique. Des noirs vendent gadgets et drapeaux aux couleurs des équipes. Plus bas, entre les statues, au pied de la tour Eiffel, les rouges sont déjà là. Pas de boisson avec capuchon, passez par cette file, un détour chez le sponsor de l’évènement ?
Un stand propose du maquillage. Les gamines en raffolent. 3 modèles sont proposés : tigre bleu, diablotin rouge ou drapeau coréen qui ressemble au logo de Pepsi Cola.
Les familles s’installent sur les hauteurs et sous des parapluies. Assis en tailleur sur une pelouse artificielle, les jeunes fixent l’écran géant. Autant de garçons que de filles qui se protègent du soleil à grand renfort de chapeaux. Sur les lignes de touche, les indifférents. Peu nombreux. Les seuls torses nus.
Partage de galettes à la consistance mystérieuse. On boit à la paille un liquide blanchâtre. Hymne. Les éventails roses en forme de tête d’ours s’agitent et cachent quelques larmes. Un vieux a transporté un drapeau géant. Ses bras tremblent.
L’affaire se présente mal. Un but de la céleste permet de faire les comptes. Une infime grappe bleue se dresse. Elle est vite débordée. Kia Motors, le sponsor de l’après-midi, a pensé son affaire. Il a distribué à chacun des paires de bras pneumatiques rouges. Dirigés vers le ciel, frappés l’un sur l’autre, les chorégraphies sont impeccables. Un tintamarre organisé de casseroles géantes dont le chef d’orchestre est caché. Coté gauche ? Droit ? Difficile de savoir qui lance le mouvement.
Le parterre s’affole. Reste toujours assis. Cris d’hystérie. C’est raté. Je ne retiens qu’un chant à la transcription phonétique incertaine. Ter-Ni-Koh ! Ter-Ni-Koh !
Mi-temps. Trop de monde à la baraque à boissons. Glaces italiennes débordées. Sortir de l’enceinte, la chaleur est étouffante. Devant l’aquarium du Trocadéro, la tentation de prendre le frais et d’observer une autre espèce. Un gitan vend des canettes extraites d’un sceau où les glaçons ne sont que souvenirs.
Pas facile de retrouver ses amis. Faire signe avec le bras rouge est vain. Les téléphones ne passent plus. Brandir alors le fameux serre-tête avec les cornes de diable.
Aucune raison de se décourager. Continuer à chanter. Regonfler les petits bras rouges. Et taper encore plus fort sur les pneumatiques. Cris d’hystérie. C’est dedans. Pour la première fois, tout le monde se lève. Des milliers confettis géants rouges s’envolent vers la Tout Eiffel. Vague de bonheur et d'embrassades. Pour peu de temps. L’issue finale fait rasseoir les diablotins.

Les noirs rangent les drapeaux coréens et préparent des étendards américains.
Pim ! Pam ! Poum ! Des adolescents ont déclenché la manœuvre. La pétarade devient générale. Avant de se quitter, on saute à pieds joints pour éclater les pneumatiques Kia Motors. Un petit garçon ne veut pas partir. Il ramasse les confettis géants éparpillés sur la pelouse. Sa mère le presse. Encore. Un peu dans le tee-shirt. Une dernière poignée. Il les projette le plus haut possible avec de grands yeux émerveillés. Pas besoin d'un but pour regarder le ciel et sourire.