dimanche 13 juin 2010

Algérie-Slovenie


Lieu : Le Soleil, 136 Boulevard de Ménilmontant Paris 20
Commentaires : TF1 audible en fin du match.


Tous les habitants de Ménilmontant le savent. La meilleure terrasse, c’est Le soleil qui la possède. Plein sud, à deux pas du carrefour, c’est un excellent poste d’apéritif, de rencontres et d’observation.
Sauf qu’aujourd’hui, il fait gris, il n’y a personne dehors et tout se passe à l’intérieur. Là où on ne va jamais se perdre. Où les toilettes sont déconseillées pour les femmes.

Chaises, tables, bancs sont bien alignées face à deux écrans flambants perdus dans un océan de posters jaunis. L’espace est intégralement occupé. Frère, il faut chercher dans la réserve. C’est bon cousin, mets-toi là, y a un trou à coté du flipper.
Niveau déguisement, on n’a pas lésiné pour afficher son amour de la sélection. Chapeaux, maquillage, maillots ou chaussette siglées One Two Three à gauche et Viva l’Algérie à droite.
La tension est palpable. Cela parle fort. Vite. Et à tout le monde.
Quelques uns prient. On recommande du thé à la menthe. D’autres prennent de l’avance et plusieurs verres de bière à la fois. Alors, des fois, cela verse et on rigole. Mais pas quand le liquide tombe sur attention, s’il vous plaît, il y a des enfants.
L’hymne retentit, beaucoup le reprennent, de longs drapeaux sortent et frôlent le plafond.
Le match commence. Tout est bon pour s’exciter. Et chanter. «Arouah, arouah». Je comprends vite que cela signifie quelque chose comme «allez».
Des cris fusent. Pas forcément à bon escient. C’est sûr, il n’y a pas que des connaisseurs. Simplement des supporters. Un enfant trouve qu'il n’est pas normal que les joueurs slovènes puissent jouer en vert.
Mi-temps. Rien à signaler. Il faut simplement faire la queue pour humer l’air d’une cigarette.
Il fait toujours aussi gris. Dehors, les portables crépitent et l’on prend des photos à envoyer par texto. Mais déjà, du bruit à l’intérieur du bar.
Rien de grave. Un éclat de rire général. La télé montre un supporter algérien juché sur un projecteur du stade et qui toise FIFA et règles de sécurité.
Niveau règlement, ici aussi, au Soleil, c’est limite. Les sardines sont moins serrées. Le patron a arrêté de faire la chasse aux non-consommateurs. Ca bouge dans tous les sens. Surtout quand un surnommé TGV touche le ballon. J’en redoute presque un but algérien. L’inverse se produit et un silence vide la salle.

On a donné le match. Le gardien est champion du monde des coupes de cheveux. Il n’y avait personne sur l’aile droite. Saadane est le pire entraineur. Les explications de la défaite se multiplient. Toutes valables.
Car il ne fait plus gris. Des rayons balayent le boulevard. Et forcément, il est temps de s’asseoir en terrasse.